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Là, ce soir, concert symphonique dans des carrières désaffectées.

La Lune accroche des rayons d'argent aux falaises. Elle dessine une Voie Lactée pour guider les visiteurs. C'est un peu du Ciel qui descend sur Terre en ces nuits de juillet, au lendemain de la Saint-Jean.

Là-bas, les lumières surgissent dans la fugace cathédrale, toute de calcaire ouvragée, dont les croisées d'ogives se fondent dans le firmament. Les ténèbres sont dissoutes.

La foule s'insinue sur le Parvis, déborde le portail et envahit la nef. Une marée humaine étale ses vaguelettes qui s'infiltrent dans les moindres recoins de l'édifice. La Cathédrale sera-t-elle Engloutie?

La clepsydre s'est arrêtée. L'on est entre ciel et terre et l'on attend sans impatience les maîtres de cérémonie. Le calme avant la tempête...

L'orchestre processionnaire s'avance. La foule recommence à s'agiter telle une houle sous la poussée du vent du large. Elle murmure, amplifie son mouvement et déferle en vagues d'applaudissements.

La plage de la scène se garnit. Chacun trouve la place qui lui est assignée et l'orchestre s'expose bientôt dans son ordonnancement harmonieux. Harmonie visuelle avant l'harmonie auditive.

La foule s'est tue. Une autre rumeur s'annonce car sitôt assis, les exécutants s'accordent dans un océan de dissonances. La marée a changé de lieu; elle est maintenant sur la scène où chaque instrument exhale son souffle et semble vouloir dominer les autres. L'air tremble sous les assauts sonores. Le Chaos avant la Création. Le calme revient progressivement.

Le grand-prêtre apparaît soudain, fendant la foule, semblable à un esquif écartant la houle. Un nouveau flux d'applaudissements l'accompagne. Le chef accoste avec élégance sur la scène et salue. Plus un seul bruit. On l'attend, " elle ", la déesse à qui est dédié ce temple des Carrières. Le grand-prêtre lève les bras, les immobilise une ou deux secondes, puis les rabaisse. Place à la Musique...
(copyright Jean-Michel Cagnon)