Pensées brèves

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Domicile à sol
La maison que l'on connaît le mieux c'est celle (pour ceux qui ont eu cette possibilité) où l'on a vécu bon nombre d'années de sa jeunesse. De la petite enfance jusqu'à l'adolescence. Parce que c'est une maison dont on a découvert les moindres détails avec des yeux différents de ceux des adultes. Quand on est petit on voit plus bas que les grands : c'est l'évidence même. Et puis on n'a pas la même perception des choses ni les mêmes notions de l'espace.
Ainsi en est-il de la maison de mon enfance dont je connaissais parfaitement la mosaïque qui composait le sol. Je laissais mon imagination errer au gré des taches irrégulières et me créais des dessins fantastiques. Dieu sait combien ce ciment poli a été le témoin de mes jeux les plus variés.
Et je me surprends encore aujourd'hui à m'allonger par terre pour lire, regarder la télé ou écouter de la musique, et bien sûr jouer avec mes enfants. Ce contact physique avec les "pieds" de la maison a quelque chose de rassurant, que j'ai toujours recherché à travers mes nombreux domiciles. On ne connaît pas son home si on ne connaît pas son sol !

Mon credo ou "Conseils aux jeunes"
Soyez vous-même; recherchez le bon sens, l'honnêteté intellectuelle, le juste milieu en toutes choses. Aimez l'isolement, pas la solitude. Prenez le temps de réfléchir... ne courez pas... prenez le temps.
Fuyez comme la peste les foules, les modes, les promesses de bonheur. C'est dans la quête effrénée du bonheur qu'on crée son malheur.
Admettez d'apprendre. Acceptez des maîtres et leur autorité. Vous n'avez pas la science infuse.
Croyez en ce que vous faites, ou bien ne le faites pas. Ayez le culte du "bel ouvrage". Essayez de vous surpasser sans écraser les autres. Fixez-vous des objectifs raisonnables, mais accrochez-vous tant que vous ne les avez pas atteints.
Croyez en vos idées, mais n'essayez pas de les inculquer de force à autrui. La vérité n'est pas dans les foules, mais disséminée en chacun d'entre nous.
Méfiez-vous du coup de foudre en amour. Songez plutôt à bâtir progressivement votre couple. Aimez les vôtres, autrement dit voyez-vous souvent, confiez-vous sans pudeur, échangez des propos autres que : "Veux-tu me passer le sel?"
Soyez disponible et tolérant avec les autres. Laissez-les disposer d'eux-mêmes, mais ne permettez pas qu'ils disposent de vous à toute heure. Sachez préserver votre jardin secret.



Nos lointains proches
J'aime bien contempler le ciel la nuit : c'est grand, c'est vaste, c'est infini, c'est silencieux et reposant, et c'est en même temps la voie ouverte vers des questions sans réponse.
Ce grand ciel noir ponctué de têtes d’épingles lumineuses, n'est en réalité qu'un grand rideau de théâtre trompeur qui nous cache la scène. Et quelle scène !
Songeons à la lumière des étoiles qui met des milliers d'années à nous parvenir... En fait quand nous les observons nous remontons dans le temps puisque nous avons une image des astres tels qu'ils étaient jadis.
Songeons ensuite à la vision erronée que nos yeux et notre cerveau nous donnent de ce spectacle : les milliers d'étoiles apparemment plaquées contre une voûte qui n'existe que dans notre imagination, la fameuse Etoile du Berger qui est en réalité une planète, la célèbre Voie Lactée qui n'est rien d'autre que notre propre galaxie vue de l'intérieur, la Lune qui semble tourner autour de la Terre alors que sa très lente translation la révèle en fait comme une "petite sœur" zigzaguante de notre monde et qui l'accompagne dans son périple autour du Soleil... lui-même pas si immobile que cela puisque voyageant vers Sirius...
L'univers nous dépasse tellement que notre vision infime en est déformée. Au fait, s'il en était de même de la perception de nos proches. Sommes-nous bien sûrs de les connaître à fond? N'en avons-nous pas également une vision partielle et déformée, et n'avons-nous pas tendance à les juger trop vite?
"En retombant sur terre", si l'on apprenait à être plus tolérant?... ce qui ne veut pas forcément dire se fondre dans le même moule et se dépersonnaliser, mais simplement... mieux s'accepter avec nos différences. Dur, dur...

Histoire de lavabo
Avez-vous remarqué un lavabo qui se vide? Regardez bien le tourbillon qui se forme au niveau de la bonde : à la naissance du creux l'eau tournoie lentement, puis s'enfonce et vire de plus en plus vite avant de disparaître en-deçà de la cuvette.
Eh bien la vie c'est un peu la même chose : dans nos jeunes années nous évoluons lentement, glanant de ci de là un savoir, papillonnant à la découverte de notre environnement. Puis vient l'école marquée par ses périodes alternées de travail et de repos. Au fil des années l'apprentissage se spécialise et les rythmes s'accélèrent. Enfin succède le monde du travail qui s'avère la période la plus longue, mais aussi celle où notre champ d'investigation se rétrécit progressivement, limité si nous n'y prenons garde, au seul domaine professionnel. Et les années s'envolent, les décennies s'additionnent... arrive la retraite, temps de la désillusion et de l'ennui pour celles et ceux qui n'ont pas su bousculer cette existence en entonnoir.
De ce danger qui nous concerne tous, tirons deux avertissements :
- tout d'abord, avant qu'il ne soit trop tard, sachons garder un esprit curieux, avide d'apprendre. Sachons être naïfs, nous étonner, mais également porter un jugement et nous remettre en question. En gros c'est ce que font les enfants.
- précisément, puisque l'on parle d'eux, préservons nos enfants. Ils sont au départ de la vie comme l'eau à la naissance du tourbillon. Rendons-les riches d'expériences, mais sans heurt, sans violence ni précipitation, avec amour et respect de leur personnalité. A chacun d'entre nous d'apprécier ce qui leur conviendra le mieux, car chaque être est unique...
Plus le tourbillon est vaste à son origine, plus il a de chances de durer et d'influer sur son environnement. Ainsi en va-t-il de notre existence.

La rue
Il y a dans le spectacle d'une rue, à la lumière d'aurore ou de crépuscule, toute une symbolique empreinte de mélancolie. Je ne puis m'empêcher d'y voir le fil d'une vie, chaque "accident du terrain" représentant une étape : un lampadaire allumé, un banc, un recoin de muret sont autant de haltes pour souffler un peu; une maison avec une fenêtre éclairée c'est le refuge où veille un peu d'espoir dans les ténèbres, c'est là que vivent d'autres personnes que l'on côtoie et qui ont leurs secrets.
Et puis tout au bout de la chaussée il y a une grande nuée, celle du soleil couchant ou d'une place illuminée : c'est l'extrémité du chemin, encore autre chose à découvrir, un au-delà...

La guerre
La guerre naguère c'était la galère.
Aujourd'hui c'est un monopoly où les nantis vendent des fusils aux démunis.
Ceux-ci règlent des conflits à la place des nantis, et s'en sortent appauvris.
Contrairement aux nantis qui deviennent enrichis.
Et à la longue si, les appauvris en armes munis se retournaient en furie contre les nantis?!!
Malheur aux pourris!

Les doigts de plomb
Dans notre monde stressé où rien ne compte plus que la vitesse, il faut savoir parfois s'arrêter. Vivre une journée, comme disait le poète, aux doigts de plomb. C'est-à-dire une journée qui commence mal, où l'esprit et le corps se sentent malades, engourdis, malhabiles. La machine humaine est bloquée : elle ne répond plus. Surtout ne pas la forcer. Laisser tomber productivité et rentabilité. Retrouver le goût des choses simples : le cocon de la maison, le poêle à bois qui ronronne, la reprise d'une lecture ou d'un disque délaissés, le contact chaleureux du tapis sous ses chaussettes, la contemplation du paysage à travers la fenêtre... Faire une pause, quoi !

L'autruche
Dieu sait si l'homme a de tout temps célébré la mer et la fascination ou l'hostilité qu'elle exerce sur lui. Sur un plan pratique, il tire avantage de tous les bienfaits qu'elle peut lui prodiguer : nourriture, santé, énergie... Poète, scientifique ou homme de la rue, tout le monde s'accorde à reconnaître que sans elle nous ne pourrions pas vivre, que la mer fait partie intégrante de notre planète et qu'elle est le berceau même de la vie.
Alors pourquoi cracher dans la soupe? Je veux dire par là : pourquoi s'acharne-t-on dans une inconscience quasi totale à surexploiter les océans par des pêches abusives, à transformer ces mêmes océans en une gigantesque poubelle par nos pollutions dont la fréquence ces derniers temps prend une allure exponentielle?
Il y a des décennies de cela, s'adressant à la Méditerranée, Herbert Pagani chantait ces quelques lignes toujours d'actualité :
"Avec l'or noir et les boues rouges
Ils t'empoisonnent tes petits.
T'as beau pleurer personne ne bouge
Et toi tu meurs dans ton grand lit."
Vis-à-vis de la nature, nous jouons la politique de l'autruche. Méfions-nous qu'un jour elle ne se venge et ne nous fasse le coup du boomerang. A ce petit jeu-là, nous et nos descendants paierons les pots cassés...

Paris sous la pluie (à la manière de Lamartine)
Un soir, t'en souvient-il, nous pataugions en silence. On entendait au loin, sur les flaques et sous les cieux, que le bruit des piétons qui battaient en cadence tes pavés pisseux. Ô pluie suspends tes gouttes...

Et pourtant...
Et pourtant que la terre est si jolie parfois ! Au delà des stupidités humaines, des catastrophes naturelles, du désespoir latent, des tracas et de toutes les araignées que nous avons au plafond, il y a toujours un chaud soleil, une main tendue, un ciel bleu, un sourire inattendu, une campagne illuminée...

Les livres
J'aime les livres. Ce sont des amis toujours disponibles. Certains gardent en eux un souvenir du moment où on les a découverts. Ainsi ce livre de poche conservant entre ses pages le sable de la plage où je l'ai lu. Depuis, chaque fois que je l'ouvre, je crois entendre la mer...

Charité
Les premiers à parler de charité sont parfois les derniers à la pratiquer.

Les armées
Les armées sont un mal nécessaire comme les prostituées. Il en faut parce que décidément les hommes sont trop c...

Jalousie
Il n'y a pas d'enfants jaloux : il n'y a que des parents maladroits.

Quand je dis
Quand je dis que j'aime la mer, ce n'est pas la mer en elle-même mais son image bienveillante, exempte de toute colère dévastatrice. C'est la vision d'un univers idéal auquel nous aspirons tous, quelles que soient nos croyances. Un monde de paix infinie au sein duquel nous pourrions à notre choix nous diluer ou nous révéler. La nature sous toutes ses formes n'est que l'antichambre imparfait d'une dimension qui nous est pour le moment inaccessible.

Réussir sa vie
Réussir sa vie... une bien belle expression que l'on entend souvent et qui signifie à la fois tout et rien. Réussir sa vie c'est faire en sorte qu'au fond de soi-même on n'ait jamais à se dire : "Si j'avais su... pourquoi est-ce que j'ai compris cela si tard ?". Autrement dit personne ne "réussit sa vie". Il faut tout au plus, durant son existence, essayer d'atteindre l'inaccessible étoile...

Vacances Balnéaires
Je voudrais faire partager une sensation éprouvée dans le passé et que j'espère revivre : celle de la beauté qui émane d'un bord de mer estival.
Le soleil, l'air iodé, le déferlement continu de l'eau prodiguent à profusion leurs bienfaits. Une joie de vivre certaine en découle.
Une plage, c'est grand, c'est linéaire, c'est infini, c'est (presque) propre. Le vent et l'azur vous font un grand ménage dans la tête et vous ramènent à l'essentiel : le bruissement permanent des jeux d'enfants ou d'adultes, le contact revigorant de l'eau fraîche, le plaisir de se fondre dans les vagues, la convivialité naturelle du voisinage.
Ici les barrières se dissolvent quelque peu. L'on est proche les uns des autres sans pour autant se sentir agressé. Un certain dénuement - mental et physique - amène à cette attitude. La famille d'à côté de vous, c'est toujours le même portrait avec les enfants impatients de patauger, les parents ou les grands-parents attentifs à la progéniture. De temps en temps, un regard involontairement échangé de complicité : eh oui on est tous ou on a tous été pareils, et on ressent un peu les mêmes choses.
Pour goûter la mer pas besoin d'équipements dispendieux que recherchent certains : un simple maillot de bain et les cinq sens ouverts à toute cette beauté environnementale (j'allais oublier la charmante naïade qui déambule gracieusement devant vous, quasi dénudée). La mer, quand on peut y aller, ça donne du sel à la vie.

 Masculin et féminin
Une minute de plaisanterie...
Une thèse a longtemps prévalu dans les milieux scientifique et théologien selon laquelle si Dieu avait créé l'homme avant la femme, c'est parce qu'avant de concevoir un chef-d’œuvre on fait au préalable un brouillon.
De récentes découvertes rendues possibles avec l'informatique et les nouvelles technologies de communication permettent d'infirmer cette assertion. De source sûre il s'avère définitivement admis que Dieu, en créant d'abord l'homme, a réalisé tout de suite un chef-d’œuvre. Mais, par précaution et par crainte de casser le moule, il a aussitôt effectué une sauvegarde, laquelle on le sait bien n'est jamais aussi parfaite que l'original.

 Obsèques
Il est mort il y a trois jours. Il a été enterré hier. J'ai assisté à la cérémonie. Devant son cercueil mais en retrait des quelques intimes, je me suis retrouvé au milieu de gens, probablement des amis ou des relations, au sujet desquels je me suis demandé ce qu'ils pouvaient bien ficher ici. Et que je te parle de tout et de rien, de tas de choses qui n'ont rien à voir avec le mort. Pas un moment de silence, une petite minute de respect à l'égard du décédé.
Le prochain enterrement, je resterai chez moi et je penserai intensément à la personne qui vient de nous quitter, loin des irrévérencieuses pies jacassières.

  
Cyrano de Bergerac
Du panache, toujours du panache, beaucoup de faconde, de la culture, de l'élégance, le culte de l'amitié et de l'amour, ce dernier lui faisant pourtant faux-bond. Une fin funeste, sinistre "récompense" de son idéalisme qui dérangeait la société. Tel fut ce personnage dont la devise était : "Ne pas monter bien haut peut-être, mais tout seul".

 

 Beethoven
Il exalta le bonheur à partir du malheur. Sous les tempêtes fracassantes de ce dernier, il garda le cap, emprisonné dans son silence.
Son visage était laid. Etrangement sa physionomie tourmentée a la faveur de son auditoire, aujourd'hui encore.Peu enclin aux contacts humains. Piètre tuteur de famille et amoureux éconduit. L'on demeure envoûté par l'évocation lyrique de l'inconnue qu'il aima mais ne l'aima point.
Arrivé à un degré extrême de déprime, il rédigea un testament alors qu'il était loin de mourir.Malgré son image de misanthrope, il voulut communiquer avec les autres au moyen de l'art. Il évoqua dans ses oeuvres monumentales la joie et la fraternité, de même que la liberté des peuples.
Convaincu de démocratie, il renia publiquement ceux qui la trahirent.Se réfugiant malgré tout dans la solitude et sa chère campagne, il aimait alors mieux les arbres que les hommes.Saisir le destin à la gorge fut le cri du coeur jusqu'à ses ultimes secondes. Est-il vrai qu'il défia ainsi le Ciel en levant son poing vers lui?

(copyright Jean-Michel Cagnon)

 

Réflexions désabusées

Comme chaque 11 novembre et plus particulièrement cette année à l'occasion du centenaire, va se dérouler la commémoration, suivie dans nos petits villages de l'inévitable verre de "l'amitié".

Je me suis toujours senti pas bien dans ma peau lors de ces circonstances.

D'abord un profond mal à l'aise vis à vis de tous les sacrifiés de la guerre, certains engagés, d'autres recrutés pour vivre l'enfer. Tous morts. Mais réellement morts "pour notre liberté" comme il est officiellement dit?...

Qu'aurais-je fait dans de tels moments? Comment aurais-je agi? Aurais-je seulement eu le "luxe" de me poser ces questions, emporté dans la tourmente?

Par ailleurs, ces commémorations se justifient par la nécessité du souvenir et l'exigence de sensibiliser les jeunes générations. Elles se justifient moins quand on constate leur incapacité à faire taire en nous nos instincts agressifs et nos pulsions destructrices. Et ne parlons pas des peuples qui continuent de guerroyer sous d'autres latitudes, apparemment amnésiques aux horreurs vécues par nos ancêtres. Faut-il se faire mal à soi-même pour comprendre la leçon?

Enfin je ne puis m'empêcher d'éprouver une répulsion vis-à vis de ce pot de l'amitié accompagné d'attractifs buffets. Autant je l'admets au sein d'un groupe intime à l'issue d'obsèques car on éprouve le besoin de s'aider à surmonter l'épreuve, autant je le rejette quand il s'agit de se réunir bruyamment pour oublier ce que dans le fond on n'a pas vécu à 100%  étant donné qu'on n'est pas mort?... Que les anciens combattants se réunissent lors de tables rondes télévisées pour témoigner des heures sinistres, d'accord. Que des populaces se réunissent dans une assemblée tapageuse, oublieux des morts (et insultants à leur égard), pas d'accord. D'autant que ces assemblées sont souvent l'occasion de cancaner en crachant involontairement des bouts de cacahuètes sur son interlocuteur...

J'en arriverais à me couper de la société si je m'écoutais trop et appliquais à la lettre ce qui vient d'être écrit. Heureusement d'autres formes de vie sociale existent...

(Copyright Jean-Michel Cagnon 2018)

 

Message pour l'an 2000

ruelle.jpg©JMC

(Texte écrit en 1989)

Lors d'un récent passage dans une grande métropole, durant un arrêt de feu rouge, il a vu un spectacle qui ne laissait personne indifférent parmi les automobilistes le précédant ou le suivant.

Imaginez un immeuble vétuste, çà et là des volets délabrés, des vitres brisées laissant deviner des locaux en piètre état. Sur le trottoir, une gamine de douze ans environ, le teint mat, les cheveux noirs, les vêtements noirs (de crasse), petite silhouette charbonneuse affairée autour de trois frères et sœurs aussi mal accoutrés. A quelques pas de là, une auto, le capot ouvert, avalant tête et épaules d'un homme penché sur le moteur, probablement le père tâchant de redonner vie à une mécanique moribonde. Un vrai décor pour drame social, tiré d'un roman larmoyant des années 1900.
Mais le hic, pense-t-il, c'est que l'on n'est pas en 1900, le roman n'existe pas, les larmes non plus. En revanche eux, les squatters, sont devant lui, en chair et en os avec leur misère.
Première réaction : la vue de ces gosses lui est insupportable; ça l'est d'autant plus qu'en tant que père de famille, il pense aux siens qui heureusement ne connaissent pas ce sort. Mais précisément, pourquoi cette différence?
Seconde réaction : lui qui n'est pas dans la situation de ces gens, il se trouve l'air finaud avec ses petites exigences, ses insatisfactions, ses revendications, sa faim d'en avoir toujours plus, alors qu'eux n'ont même pas le minimum.
Troisième réaction : que faire? leur venir en aide? mais ça ne soulagera que temporairement la détresse sans pour autant résoudre le problème de fond et s'attaquer au mal. Un mal de société.

Le feu est passé au vert. Il est parti, mais l'image demeure en lui. En 2089 aurons-nous évolué? Son arrière arrière petit-fils sera-t-il témoin de la même scène?


(copyright Jean-Michel Cagnon).

Date de dernière mise à jour : 10/11/2018

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