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Autres messages personnels (7 pages)

Asymétrie... normalité?

asymetrie.jpg©JMC

La "perfection" n'est pas de ce monde. Quand bien même le serait-elle qu'elle en deviendrait ennuyeuse ! C'est le propre de notre condition d'y tendre en sachant fort bien que nous n'y parviendrons jamais. "Cent fois sur le métier l'on remet son ouvrage", et chaque fois ce sera pour être mieux qu'avant, moins bien qu'après.

La nature elle-même prend plaisir à refuser l'ordre idéal, la glaciale régularité. L'homme n'échappe pas à ce principe. Son corps est en dissymétrie totale (je suis gaucher - êtes-vous droitier?). Pareillement le plus beau des visages dissimule une disparité bien réelle entre ses moitiés gauche et droite. (On dira de lui qu'il a une personnalité). Asymétrie ne signifie pas dysharmonie bien au contraire.

L'observation solitaire et attentive d'un bel objet - d'artisanat ou d'architecture - révélera des "défauts" minimes qui n'entachent en rien son élégance. Le saviez-vous? Notre-Dame de Paris, joyau gothique, n'a pas ses deux tours de la même largeur.

Plus prosaïquement un objet justifie sa dissymétrie par la fonction à laquelle il est appelé. Imagine-t-on une tasse à deux anses? Un critique a dit de Cézanne que, dans ses natures mortes il se plaisait à "allonger à l'excès l'anse d'un pichet, à distendre l'ovale d'une coupe, pour nous rendre sensibles le geste familier qui saisit ces récipients et les échanges quotidiens qui s'établissent entre eux et l'usager".

L'image également demande l'irrégularité. Son point fort, sauf exception, ne sera jamais au milieu, mais toujours en situation décalée. Dans son cadre rectangulaire doivent s'inscrire des obliques de perspective, des carrés de lumière, des triangles d'ombre... Asymétrie ne signifie pas absence de structure.

Harmonie et structure d'un espace se révèlent dans toute leur richesse au promeneur solitaire, loin de toute agitation. Où et quand il n'y a pas un chat.


Inévitable présence

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Il n'y a pas un chat. Telle est l'expression utilisée pour parler d'un endroit désert que l'homme a momentanément délaissé - je dis délaissé et non abandonné. Parfois subsiste un promeneur égaré, mais la sensation d'isolement n'en demeure pas moins.

Absence de l'homme ou présence insoupçonnée de l'homme? La réponse n'est pas aisée car les espaces vides de toute foule ne font que mieux ressortir la permanence de ceux qui les ont conçus ou en usent.

Ainsi, devant l'ordonnancement des champs, songe-t-on à l'agriculteur. A la vue d'une cathédrale ou d'un château évoque-t-on ses bâtisseurs ou ses hôtes. De même près d'une façade laisse-t-on aller son imagination devant ces innombrables fenêtres qui sont autant d'inaccessibles passages pour l'inconnu. Quelle intimité, quelles joies, quels drames nous sont cachés derrière ces murs?

Un univers désert c'est un espace-temps, c'est une jonction entre le passé et le futur, c'est les trois points de suspension dans un texte. Ici précisément, sur cette aire vide en apparence de tout souffle, il s'est passé quelque chose ou il va se passer quelque chose... il y a une heure, dans deux mois, que sais-je?

Au cours de ce répit, les choses inanimées existent intensément : la pierre sort de sa léthargie. Elle emprisonne la lumière qui révèle son grain. L'arbre déploie sa ramure et devient une main communiant au soleil ou aux nuages. La rue se souvient des rumeurs qui l'habitent habituellement.

Est-ce l'objet qui s'éveille ou l'observateur attentionné qui lui insuffle une réalité? Peu importe. Du néant a été créée une vie : c'est là l'essentiel.

(copyright Jean-Michel Cagnon).

 

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Y a du monde

du-monde.jpg©JMC
(Ci-dessous texte d'introduction à l'exposition organisée par l'auteur en 2002)

"Y a du monde"... j'ai pris en 2002 le parti opposé de l'expo proposée en 2001 "Y a pas un chat".
Cette année, pas une image photographiée ou dessinée, sans qu'il n'y apparaisse au moins une personne. Connue ou inconnue, complice du photographe ou saisie à son insu, vaquant à ses occupations ou perdue dans ses rêveries. Chacun emplit le cadre de l'image et livre par sa présence et son attitude un peu de lui-même : ici une ambiance de plénitude par le sourire de cet enfant, là un climat d'inquiétude telle que peut la ressentir cet homme prostré à l'extrémité d'un banc public.
Et puis il y a des vues de duos, de trios, de quatuors... Scènes intimistes où le preneur d'images peut encore s'insinuer et participer à l'action.

Un cran au-dessus, des représentations de groupes ou de foules. Dans ce cas le photographe est plus en retrait : il opère une distanciation. Exceptionnellement une ou deux personnes peuvent par hasard regarder l'appareil photo et avoir conscience d'être immortalisées.
En regardant ces vues, dont certaines ont été réalisées il y a plus de vingt ans, je m'interroge sur ce que sont devenues ces personnes croisées durant quelques secondes et vis-à-vis desquelles nous demeurons réciproquement des étrangers. Un peu comme cette montagne toute proche de ma maison, dont je connais par coeur la découpe dans le ciel et au sommet de laquelle je n'irai jamais.
En fait la solitude l'emporte, comme le chante Fabienne Thibeault. L'on se rencontre, mais l'on ne connaît jamais intégralement l'autre. Une part de mystère réside toujours. La soif persiste, temporairement diminuée par quelques gouttes de boisson, mais jamais rassasiée. C'est pour cela que l'on crée des images : "posséder" incomplètement l'autre, s'en souvenir, mais l'autre est libre, nous échappe sans cesse, et après tout ce n'est pas plus mal.
 
Somme toute, l'ensemble de ces vues que j'invite le spectateur à découvrir pas à pas, c'est une fresque de vie : la vôtre, la mienne, celle de tout le monde. En voyant ces scènes de l'existence quotidienne, où humour et tragique se côtoient, chacun pourra y projeter ses propres sensations et remplacer les têtes inconnues par des visages familiers... Bonne visite !
 

 

Les foules

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Les foules font peur...

L'on peut s'inquiéter à juste titre du manque de bon sens et des écarts à la raison qui caractérisent en général l'attitude des foules. Autant il est possible de dialoguer, voire de philosopher en compagnie d'une personne, autant il est difficile d'envisager un tel aspect des choses face à une foule dont les excès font penser à de terribles enfantillages.

Une foule est influençable. Une foule n'a pas de tempérament bien défini. Une foule peut basculer dans la panique, la violence, la folie. Une foule peut être aisément orientée dans un courant de pensée favorable ou défavorable à la communauté grâce aux fantastiques techniques de communication d'aujourd'hui.

Et que l'on ne se fasse guère illusion : la foule ce n'est pas forcément une masse de gens descendus dans la rue ou sur un stade pour défendre un quelconque intérêt. La foule c'est moi, c'est vous, c'est nous tous emportés dans le tourbillon quotidien d'opinions évoquées et exacerbées par la télévision et la presse en quête de sensationnel, par les modes, l'air du temps, les inévitables exigences d'une société parfois cruelle...

La solitude aussi fait peur...
Ou plus exactement l'isolement, ce qui n'est pas exactement la même chose.

L'isolement, souvent temporaire même s'il dure longtemps, est quelque chose de subi. Tandis que la solitude, parfois démonstrativement voulue, demeure en tout état de cause profondément et intrinsèquement liée à notre condition d'êtres pensants, conscients, agissants, responsables... Les animaux ne sont pas seuls; nous oui fondamentalement.

L'on peut avoir intérêt à se retirer dans l'espace vide d'un lieu à l'écart, là où il n'y a pas un chat. Afin d'opérer un repli sur soi pour se ressourcer, faire le point, puis repartir sur de nouvelles bases au sein de la société.

L'isolement, pour en revenir à lui, est cette incapacité conjoncturelle ou caractérielle à communiquer aisément avec les autres. Et les autres (collègues, amis, famille, conjoint) sont nécessaires, pareillement que le lait au nourrisson. Contrairement au lait, les autres ne sont pas soumis à un label de "fraîcheur". Quel que soit son âge, un autre peut nous apporter un tas de richesses, et réciproquement.

Sans les autres, nous deviendrions fous... comme une foule...

(copyright Jean-Michel Cagnon)

Paradoxes

paradoxes.jpg©JMc

Parmi la génération née avant guerre, courant la guerre et tout de suite après la guerre, qui ne se souvient de la fameuse devinette posée par nos instituteurs  "Quel est le tiers et demi de cent?". Et nous voilà penchés sur nos cahiers de brouillon (ou nos ardoises) pour tenter de trouver la solution. Ah ! ces fractions, elles étaient notre hantise.

La réponse, pourtant simple, se révélait difficilement accessible pour nos jeunes cerveaux. Le tiers et demi, c'est le tiers plus la moitié du tiers. Donc 1/3 + (1/3 divisé par 2). Pour diviser 1/3 par 2, il suffit de multiplier le nombre diviseur par le dénominateur de la fraction (règle ô combien répétée par nos maîtres). On obtient par conséquent 1/6.

1/3 + 1/6 donne, après réduction au même dénominateur, 2/6 + 1/6 soit 3/6 soit, après simplification 1/2. Le tiers et demi, c'est simplement la moitié. En l'occurrence le tiers et demi de cent, c'est cinquante.

Mais poussons plus loin l'analyse. Qu'advient-il lorsque l'on utilise un nombre entier, par exemple quatre et demi? Là, dans ce cas, "demi" ne signifie plus la moitié du chiffre (1/3 dans le cas précédent), mais la moitié de l'unité, autrement dit 0,5. En effet quatre et demi représente (4 + 1/2) soit (4 + 0,5) soit 4,5.

Si l'on comprenait "demi" comme dans le premier exemple, quatre et demi équivaudrait à 4 + 2, soit 6. Et si l'on entendait "tiers et demi" comme dans le cas actuel, cela signifierait (1/3 + 1/2) soit (2/6 + 3/6) soit 5/6. Dans ces conditions, le tiers et demi de cent serait 83,33333...

Conclusion : avec mon verbiage, je vous ai bien emmêlé les pinceaux. C'est ce que font maladroitement bien des personnes pourtant douées des meilleures intentions du monde. La bonne communication repose sur l'art de présenter les choses. Cela revêt une importance primordiale dans les relations humaines. Quelqu'un (Boileau) n'a-t-il pas écrit "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement" ?


Face à soi-même

 facesoimemer.jpg©JMC

 

Harmonieux ou pas, le couple révèle des problèmes latents en chacun des partenaires.

Les difficultés du couple nous renvoient à nous-mêmes. Il n'est pas aisé d'être lucide. Il est plus facile de reprocher à l'autre ses imperfections ou ses carences. Mais nous avons les nôtres, semblables ou différentes.

L'autre (le conjoint), cible d'amour et de considération, nous laissera toujours insatisfaits. Nous ne connaîtrons pas la plénitude. Nous en demandons trop. Ou bien l'autre n'est pas à la hauteur. Ce qui revient au même.

Selon l'humeur, selon le temps, dans les cas extrêmes nous diabolisons ou nous déifions le partenaire.

"La femme est l'avenir de l'homme", a chanté un poète. Poète très respectable, mais qui aurait dû se taire ce jour-là. L'homme complète la femme et inversement. Chacun amène son jardin à cultiver et à partager.

L'autre ce peut être aussi les parents géniteurs ou les descendants directs. Avec lesquels sont apparus des problèmes, demeurés non résolus. Il n'est pas toujours facile de les solutionner. Mieux vaut parfois laisser le temps au temps, avant de crever l'abcès. Parfois l'abcès ne crève jamais.

Qui recherche l'idéal s'égare. Il nous faut donc accepter des compromis.

Même dans les richesses matérielles, lesquelles nous étourdissent et dont nous devenons esclaves.

Cependant, le dénuement prôné par les religions est mal interprété. Nous ne sommes pas appelés à devenir tous des anachorètes. Eux ont d'autres richesses.

Vivre en permanence en collectivité devient étouffant. J'entends par collectivité le cercle familial élargi, réuni sous un même toit. Il peut parfois ne pas en être autrement.

J'entends également par collectivité le milieu professionnel ou l'association, excessivement sollicitants.

Quelle que soit notre situation, il est sain de s'assurer des moments d'isolement, ou de retraite. Réfléchir... comme un miroir. Se renvoyer à soi-même. Faire halte... pour mieux repartir.

(copyright Jean-Michel Cagnon)

Insouciance

 
Les enfants jouissent d'une insouciance qu'on leur envie parfois. La plupart aiment bien dessiner et peindre. Aussi la maison est-elle souvent parsemée de feuilles de papier colorées.
Deux jours auparavant, ces mêmes feuilles étaient l'objet d'attentions soutenues. Certaines même (les plus belles!) nous furent offertes en attendrissants cadeaux à nous, les parents ou les grands-parents. Mais aujourd'hui beaucoup d'entre elles ne sont plus que des épaves abandonnées.
Ainsi leurs petits propriétaires attachent de l'importance au moment présent, à l'instant précis où ils exercent leur talent, à l'effort pour créer quelque chose. Une fois la création achevée, ils s'en détournent. Ce n'est jamais pour eux qu'une tentative maladroite, toujours inférieure à ce que font les "grands". La détention matérielle n'a pas autant de signification que pour nous. Le souvenir de leurs efforts s'estompe peu à peu.

Sans tomber dans l'excès, peut-être que nous, adultes, devrions réfléchir davantage aux "sages" attitudes de nos enfants et à la leçon qu'ils nous donnent... bien involontairement.

Provence

 
Provence je t'aime. Ici le soleil est roi. L'autre matin, la fenêtre de la chambre était ouverte sur un paysage inondé de lumière. J'aime cette maison unique en son genre. Jamais je n'ai vu dans une habitation autant de recoins d'ombre et de fraîcheur éclairés irréellement par un rayon de soleil taquin jouant à travers le rideau fermé. Autant de lieux mi-clos, autant de refuges pareils à de petites chapelles. Dehors c'est un foisonnement de cascades colorées et éblouissantes : bleu céleste, blanc cotonneux des cumulus, vert sombre des pins sur les pentes, jaune d'or des herbes folles, vert mouvant de la luzerne bousculée par le vent, ruissellement argenté des saules et de l'osier, frissonnement des tilleuls. Lumière et chaleur, explosion de vie, embrasement perpétuel d'une nature vivace, pastorale endiablée. Provence, on a envie de renaître à ton contact.

Sur les fleurs (1)

 
Les fleurs sont semblables à des étoiles qui seraient tombées du ciel. Elles égaient de leur éclat la grisaille quotidienne et, de même qu'un sourire, rendent supportable notre univers.
Les fleurs sont les soeurs des femmes. Elles sont la fécondité, elles sont la vie. L'une et l'autre parfois piquantes et rebelles, tour à tour mystérieuses ou enchanteresses, souvent douces et aimantes, toujours avides de tendresse. Malheur à qui ne prend soin d'elles car elles usent de la clef des champs pour retrouver leur liberté.
Les fleurs sont les âmes de ceux qui sont partis et que nous rejoindrons bientôt. Nul ne meurt, tout change d'apparence. Les innombrables corolles qui garnissent cimetières et mausolées sont les fidèles messagères de nos disparus.
Que serait un ciel sans étoiles? Que serait une terre sans fleurs?

Sur les fleurs (2)

 
Les fleurs sont le reflet des humains. Il en existe d'ostentatoires qui se plaisent à parader... voyez comme je suis belle... et qui dans le fond n'ont pas tout à fait tort.
Il en existe de plus modestes, de caractère sauvage, qu'il vous faudra apprivoiser avant de les découvrir. Celles-ci ne font pas étalage de leurs atouts. Elles en ont presque honte... ne faites pas attention à moi, je suis tellement falote.
Elles ont oublié que c'est d'elles que sont issues leurs consoeurs raffinées. Elles ne sont pas conscientes de la subtilité de leurs pâles nuances répétées à l'infini, sur fond de vert prairie ou de blanche rocaille. Quelquefois même, il n'y a point de tache de couleur sur ces pauvrettes et pourtant l'oeil se complait à suivre le dessin délicat de leur gracile architecture.
Elles ont accepté ma présence. Je me suis plu avec elles et c'est sur le papier que je leur rends hommage.

 

Ah ! Les femmes !

 
Je voudrais vous parler du plus vieux métier du monde... oh! pas celui auquel vous pensez... non, il s'agit de celui de mère de famille au foyer. C'est la plus belle des professions qui exige une polyvalence que seule la femme est capable d'assumer. Tout d'abord des qualités humaines, de coeur, d'abnégation, de disponibilité, d'intelligence intuitive, de psychologie. Ensuite la mère de famille doit être cuisinière, ménagère, lavandière, infirmière, préceptrice, gestionnaire... En compensation de tout cela, salaires et rémunérations: zéro; avantages en nature: zéro; droits à la retraite: zéro. Alors les femmes sont obligées d'aller se faire employer (exploiter?) à l'extérieur et de se partager entre maison et lieu de travail. Mais je pose la question: peut-on parfaitement être à la fois au four et au moulin?

Une minute de plaisanterie (Texte écrit en 2003)

 
Il est des façons de s'exprimer assez étonnantes. Ainsi dans le langage juridique où les hommes de loi se plaisent à utiliser des élocutions obscures pour le commun des mortels, comme par exemple : attendu que, nonobstant, putatif, tontine, usufruit... Mais quelquefois cela va plus loin, on rentre dans des domaines assez vulgaires, si, si, je vous assure, c'est authentique. Ainsi un décret de 1968 parle des... "érections des statues" qui font l'objet d'un... "hommage public". Ainsi le code de la voirie routière réglemente les... "saillies sur la voie publique" qui doivent être... "autorisées par l'autorité administrative". Et pour finir le code civil dans son article 1949 parle du... "dépôt nécessaire" et précise que le déposant doir avoir été... "forcé" de faire ce dépôt par... "une nécessité pressante". Erotisme, exhibitionnisme et scatologie dans les ouvrages de droit. Mais où allons-nous ma bonne dame, je vous le demande?
 

(copyright Jean-Michel Cagnon)

Que faut-il...? (Texte écrit en 2011)

J'ai été abordé l'autre jour dans la rue par une femme charmante accompagnée des siens et qui enterrait sa vie de jeune fille. Elle m'a posé en plaisantant la question suivante : que faut-il à un couple pour qu'il dure? Spontanément et me prêtant au jeu, j'ai répondu : beaucoup de tolérance et de concessions mutuelles.
Et puis après coup j'ai pensé que c'était un peu bref et que l'on pouvait en somme dire bien des choses. Alors je complète ma réponse.
Si vous vous êtes disputés dans la journée, ne vous couchez jamais sans vous réconcilier et ne vous endormez jamais avec la rancoeur. Bon! Se réconcilier ça ne veut pas dire forcément faire crac-crac. Sinon vous allez vous retrouver avec trois douzaines de mouflets...
Si vous avez des enfants, vous jeune femme, demeurez une amante avant d'être une maman. Et vous jeune homme, soyez amant bien sûr mais n'oubliez pas d'être un papa. Et puis soyez fidèles.
Ne subissez surtout pas l'emprise des familles et des traditions. Que vos parents vous conseillent, soit. Qu'ils réglementent votre existence, jamais ! A l'inverse jeune femme, jeune homme, vivez en adultes responsables et n'appelez  pas maman et papa pour un petit bobo.

Ah ! Enfin dernière chose, mettez de la fantaisie dans votre vie quotidienne. La monotonie pour un couple c'est comme le papier collant pour les mouches : ça poisse et c'est tuant !

Pourquoi?

018r ©JMC

 

"Aimer, aimer seulement, quelle impasse ! Il s'agit de (se) rendre éternel..."
Ces phrases extraites du roman "Vol de nuit" de Saint-Exupéry, au texte épuré, sont très troublantes.
Quel sens donner à l'existence? Faut-il la vivre pour les autres ou pour soi-même? Ou les deux à la fois?!
Aimer certes... nous sommes naturellement portés à aimer... à des degrés divers. Mais en soi où cela mène-t-il? Dans le meilleur des scénarios nous nous aimons et nous faisons des enfants que nous allons aimer et qui vont nous aimer. Lesquels vont à leur tour faire de nouveaux enfants et ainsi de suite au fil des générations. Tandis que les géniteurs au terme de quelques années tombent dans la décrépitude et meurent... et ainsi de suite... et après?...
Les religions interviennent pour nous laisser entendre que la vie terrestre n'est qu'une étape, que nous connaîtrons autre chose, ailleurs... Qu'en savent-ils les bonimenteurs? Sont-ils revenus sur terre après être passés de l'autre côté du rideau?

Oh ! Qu'il est difficile de réfléchir, qu'il vaudrait mieux parfois être une bête... Ne pas s'interroger sur le monde, le bien, le mal...

A partir du moment où je suis conscient, je suis confronté à cette dualité du positif et du négatif de la création... et en moi-même. Cette création qui permet la vie sur Terre, laquelle Terre, planète unique en son genre, est le lieu d'une forte activité tellurique. En bref, nous évoluons au-dessus des volcans, dispensateurs de mort... Ironie suprême...
Ne nous égarons pas. Je réalise le bien et le mal, cela est intimement et inévitablement lié à ma vie. Il ne peut pas en être autrement. Sinon je ne serais pas un homme.
Dieu lui-même, s'il existe selon l'anthropomorphisme que certaines religions lui attribuent, devrait être assailli par cette omniprésente réalité. Et il n'y peut rien. Nos bonimenteurs de tout à l'heure annoncent qu'à la fin des temps Dieu supprimera le mal. C'est impossible... ou alors c'est possible au prix d'une dilution générale de nos consciences... et de celle de Dieu également...
La mort est une annihilation... On nage en plein athéisme.

Comment supporter l'idée que dans l'au-delà nous serons reprogrammés, "nettoyés" de toute trace de mal, à l'instar d'un disque dur d'ordinateur reformaté? Nous serions vidés de notre personnalité?!

Se rendre éternel... quelle prétention...
Pour être né après le décès de trois de mes grands-parents, je ne sais pratiquement rien d'eux sinon par ouï-dire. Mes enfants se souviendront de moi (en bien et en mal), à un moindre degré mes petits-enfants, en aucun cas mes arrière-petits-enfants.
Se rendre éternel... le privilège de quelques-uns qui auront su se surpasser par des capacités affectives ou intellectuelles au-dessus de la norme... et après?
Avoir son nom gravé sur la stèle d'un monument, ou imprimé dans des ouvrages de bibliothèque... la belle affaire !

Avoir propagé des idées novatrices dans le domaine de la connaissance, des thèses pour un mieux-être humain, avoir agi en fonction de ces opinions... voilà qui est déjà mieux... au risque que ces innovations soient parfois oubliées, submergées par l'ignorance et la bêtise... puis remises au goût du jour quelques siècles plus tard... Alternance de l'obscurantisme et des Lumières : quelle sinistre farce !

Se rendre éternel et supprimer le temps... à chaque instant où l'on est disposé à le faire. Vivre intensément une seconde, au-delà du bonheur ou du malheur. Se permettre de se dériver de l'équation de notre existence. Comme Sisyphe roulant son rocher éternellement, prendre conscience à chaque moment du joli grain de la pierre qui blesse les doigts, ne penser qu'à cela, oublier le pourquoi et le comment et le futur, atteindre une liberté certaine et dominer les dieux...
La voilà ma réponse au sens de notre condition... Aimer certes, sans s'aliéner pour les autres; savoir se préserver. Savoir aussi préserver son temps pour penser, agir et peut-être se rendre ainsi éternel...

(Copyright Jean-Michel Cagnon - Août 2014)

Tu prends un jus?

Je me souviens que dans les années 60/70, la France est progressivement passée du 110 au 220 Volts pour le courant domestique.
Cette action s'est révélée en fait une "juste" politique d'économie pour EDF.
Réfléchissons un peu.
Prenons l'exemple d'une banale ampoule électrique d'une puissance de 60 Watts. En se servant des lois d'Ohm, on compare l'ampérage nécessaire:
- en 110 Volts  Puissance = Tension x Ampérage = U x I = 110 x I = 60 Watts  d'où l'on conclut que  I = 60 / 110 = 0,54 Ampère
- en 220 Volts  -------------------------------------------------------= 220 x I = 60 Watts  d'où l'on conclut que  I = 60 / 220 = 0,27 Ampère
L'ampérage est donc divisé par deux, nécessitant de faire tourner deux fois moins vite nos centrales. Première économie.

Mais poussons plus loin l'analyse.
En se servant des mêmes lois, on compare les valeurs de la résistance électrique de l'ampoule:
- en 110 Volts  Tension = Résistance x Ampérage = R x 0,54 = 110  d'où l'on conclut que R = 110 / 0,54 = 203 Ohms
- en 220 Volts  ----------------------------------------------= R x 0,27 = 220  d'où l'on conclut que R = 220 / 0,27 = 815 Ohms
Ca va? Vous suivez?
Il s'ensuit qu'avec le nouveau voltage, la résistance des ampoules doit être multipliée par quatre, ce qui implique évidemment la nécessité de fabriquer de nouveaux luminaires.

En considérant que la résistance s'accroît avec la diminution de la section du conducteur (d'après la formule Résistance = Résistivité x Longueur : Section), on est par conséquent amené à utiliser moins de cuivre ou de tungstène ou de je ne sais quel métal pour fabriquer les nouvelles ampoules. Idem pour les lignes électriques. Seconde économie. Notons en passant que de nos jours, de nouvelles économies sont réalisées avec la production de luminaires nouvelle génération, dits à basse consommation mais là je n'en dirai pas plus car leur technologie m'échappe.

Revenons à nos moutons ou plutôt à nos électrons. On peut dès lors s'interroger: pourquoi dans ces conditions ne pas encore augmenter la tension, 440 Volts, 880 Volts...?
A mon avis la réponse vient tout de suite à l'esprit: la sécurité.
Si je me prends les doigts dans une prise de courant à 110 Volts, je serai méchamment secoué. Si je renouvelle l'expérience (faut être masochiste!) avec du 220 Volts, mon corps, quoiqu'étant traversé par un ampérage deux fois plus faible, devrait avoir une résistance quatre fois plus forte pour ne pas subir un dommage plus grand qu'avec la tension précédente... Donc je ne renouvelle pas! Les ampoules ça se change, le corps non!

(copyright Jean-Michel Cagnon)

Pensée Flash

Plat... linéaire... j'ai envie d'infini, d'horizon sans fin, de soleil écrasant... je rêve d'une plage de sable fin, immense, où s'ourle l'océan dans le lointain... une tache ténue et étalée, bleu violet, parsemée de traits blanchâtres et éphémères et renaissants, les rouleaux tels des phénix, et puis par-dessus un vol de mouettes piquant parfois sur les vagues étincelantes au soleil qui poudroie sa lumière avec une inconscience insolente... rencontre d'oiseaux qui mourront et d'oiseaux immortels... la vie contre la mort... et le temps qui ne compte plus... et ce vide absurde entre soleil, mer et sable... et cet absurde qui s'impose et qui n'est pas si absurde puisqu'il est là, au sein de cette matière qui m'écrase et qui me saoule... et moi qui observe, enchanté et désenchanté... et moi bien vivant, bénissant cette chaleur qui finit par me consumer. Et cette existence qui nous consume en dépit des trésors qu'elle accepte néanmoins de nous dispenser parfois. Paysage assourdissant de majesté, bruissant comme une symphonie et paysage agonisant et ressuscitant encore et toujours. Jets de couleurs, monochromes comme des lavis... la vie c'est donc cela, jouir si on peut, du maximum que l'on peut, avant d'agoniser sans fin pour un temps, et puis renaître, rebondir encore et toujours avant l'agonie finale, le grand trou, le grand fond, le maelström infini. Flux et reflux de la mer comme de la vie. Peut-on imaginer la mer heureuse?

(copyright Jean-Michel Cagnon 2010)

Pourquoi écris-je?

J'ai eu l'occasion cet après-midi d'assister à un spectacle microscopique et naturel. Sur une marche d'escalier menant à mon jardin étaient lovés deux insectes, emmêlés, les abdomens de chacun recourbés et tendus vers l'autre. Copulation ai-je pensé, hymne à la vie. En y regardant de plus près, je me suis aperçu qu'il s'agissait d'une guêpe et d'une abeille probablement en train de s'entretuer. Combat ai-je aussitôt rectifié, hymne à la mort. Qui allait l'emporter? J'abrégeai la souffrance de l'une et de l'autre en les écrasant, car je me doutais de l'issue: la guêpe allait être vainqueur, elle qui peut piquer plusieurs fois sans se déchirer le ventre. La guêpe, animal horripilant par son vol obsédant supprimerait la vie de son homologue, insecte utile et sympathique mais plus vulnérable. Un "drame", ignoré si mon oeil ne s'était posé dessus par hasard, sous un chaleureux soleil automnal illuminant mon jardin admirablement poudré d'or et d'ocre. Concomitance du bien et du mal avec un avantage pour ce dernier, sur décor de scène faussement merveilleux. Ainsi en va-t-il de notre existence. Beaucoup y laissent des plumes. Je saisis l'une d'entre elles pour accoucher sur le papier, à travers mes pauvres écrits, du pourquoi et du comment, sans espoir de réponse. En quelque sorte la quête de l'inaccessible étoile.

(copyright Jean-Michel Cagnon Oct. 2010)

Je nous souhaite

 

Je nous souhaite ©JMC

En observant ce matin des rameaux d'hélichryse - vous savez, cette plante que l'on nomme également "immortelle" et qui mérite bien son appellation - des rameaux donc d'hélichryse que mon épouse avait mis à sécher dans une corbeille, je me suis mis à nous souhaiter une année et un monde à l'image de cette plante. Vivante, elle forme un joli massif aux nuances tendres de vert amande effiloché et de fleurs délicatement dorées  sans éclat excessif et, lorsqu’elle "évolue" une fois cueillie, elle sait garder, en dépit du dessèchement, ses atours discrètement merveilleux.

Je rêve - j'en suis conscient - mais je voudrais pour quelques minutes mettre en avant mes songes et vous les soumettre.

Je nous souhaite un monde où ce serait tous les jours le 1° janvier, où chacun serait porté à bénir plutôt qu'à médire, où à l'heure de s'éveiller on ait bien sûr la sensation d'une belle page blanche à écrire mais surtout pas l'envie de déchirer la page noircie d'hier.

Je nous souhaite un monde d'épaule nue, pour reprendre la belle expression d'Aragon.

Je nous souhaite un monde de simplicité, un monde dans lequel les robots et les machines reculeraient d'un cran pour laisser la place au contact humain.

Je nous souhaite un monde où ceux qui se réclament d'un Dieu le reconnaissent vraiment et cessent de tuer.

Je nous souhaite un monde dans lequel les maux (tous les maux) seraient réellement combattus à la racine et non pas affrontés par des "emplâtres sur des jambes de bois".

Je nous souhaite un monde où l'intégrité serait reine.

Je nous souhaite un monde fait de valeurs vraiment valeureuses - certes qui existent déjà - mais aussi d'autres valeurs, tous domaines confondus, qu'il nous faut découvrir.

Je nous souhaite un monde bien vivant et vivant bien, au terme duquel l'inévitable chienne de mort - rendue par le génie humain exempte de toute souffrance morale et physique - n'apparaîtrait plus que comme un petit chiot.

Je nous souhaite un monde dans lequel Gustave Mahler n'aurait pas composé pour rien, dans lequel chacun serait enclin à écouter les merveilleux finales de ses 2°, 3° et 4° symphonies où l'on côtoie Dieu pour les croyants, une autre dimension pour les non croyants.

Je suis conscient que nous ne verrons pas ce monde, ni nos enfants, ni nos proches successeurs, mais je voudrais rendre hommage à celles et ceux qui - rêvent moins que moi - et oeuvrent réellement, tous azimuts, à l'élaboration de cet univers.

Un jour, tu verras...

(Dessin de Louise, ma petite-fille)

Copyright Jean-Michel Cagnon 01/01/2015

Vous avez dit parité?

 

Parité ©JMC

 

J'arrive parfois à me poser des questions sur la notion de progrès dont se targue notre civilisation occidentale. Je veux notamment parler de l'égalité des sexes dont les applications récentes dans notre société se dénomment sous le vocable de "parité".

La femme est-elle réellement l'égale de l'homme dans la vie quotidienne? Je veux au préalable signaler l'injustice naturellement mise en place à l'encontre de nos compagnes. La femme est implacablement soumise à la double exigence des conséquences de la maternité et de la vie professionnelle. Le constat est impitoyable : il lui faut assumer les deux et s'ensuit un cruel dilemme, à savoir qu'il faut inévitablement prioriser l'une au détriment de l'autre. Que les voix féminines de celles qui se prétendent libérées et capables de mener équitablement les deux de front, évitent de le clamer trop haut. Ce n'est pas vrai. Que celles et ceux qui déclarent que la femme, qui a décidé de rester au foyer, n'a "pas grand-chose à faire", pire n'a "rien à faire", réfléchissent profondément. Ce n'est pas vrai non plus.

Pour revenir à la double vie de la femme au travail, je ne me perdrai pas en vastes considérations déjà évoquées par des prosateurs plus doués que moi. Je rappelle simplement les multiples questions résultantes telles que les conciliations des horaires, les courses effrénées pour mener à bien des occupations quotidiennes, l'intervention de nounous parfois nunuches et parfois dures avec les enfants, la souffrance qui en découle pour ces mêmes enfants trop tôt soumis à des rythmes d'adulte, la mauvaise conscience des mamans conscientes de tout cela ou bien qui font taire leurs inquiétudes, l'inconfort des femmes qui voudraient - c'est légitime - s'impliquer et se responsabiliser davantage professionnellement, l'infériorité des salaires de nos compagnes sous le prétexte précisément de leur moindre disponibilité, etc...

Dans cette énumération, je n'ai pas parlé des travaux domestiques soi-disant prétendus négligeables. J'y viens. La femme au foyer a du travail, beaucoup de travail. Là non plus je ne me perdrai pas en listes détaillées. Que le lectorat prenne la peine de songer à toutes les sollicitations causées par la tenue d'un foyer, sollicitations certes allégées par les progrès technologiques, lave-linge, lave-vaisselle... mais indubitablement alourdies par les requêtes des enfants si l'on veut réellement et qualitativement s'occuper d'eux. Sollicitations alourdies également si l'on veut personnaliser son service de maison, par exemple assurer une cuisine traditionnelle et non une cuisine industrielle à coups de plats "tout-prêts".

J'estime que les femmes qui, grâce à un salaire décent de leur compagnon, peuvent se permettre de demeurer à la maison, devraient être mieux reconnues socialement. A commencer par une rémunération versée par l'Etat ainsi que des droits à une retraite en compensation de leur apport à la collectivité : encadrement affectif sans comparaison possible des enfants, diminution induite du stress de ces mêmes enfants, prévention résultante de la délinquance, etc... Question subsidiaire : où trouver l'argent pour gratifier ces personnes? Justement par toutes les économies réalisées dans d'autres secteurs : moindre travail pour la cohorte des assistant(e)s sociaux, diminution des coûts de transport, réduction des allocations de chômage, etc... N'idéalisons tout de même pas le présent scénario qui ne résout pas pour autant le dilemme imposé à la femme, à savoir qu'il manquera, pour bon nombre d'entre elles, la satisfaction de sortir de chez soi et de pouvoir s'extérioriser par un emploi valorisant. Valorisant : le mot est lâché...  certains emplois, constitués de tâches subalternes, répétitives, mal payées, sont-ils vraiment valorisants? On le voit, la quadrature du cercle caractérise la condition féminine...

De son côté, l'homme, le "mâââle dominant", n'est pas soumis aux mêmes astreintes. Portant son costume trois pièces, celui placé entre ses cuisses, parfois doublé - lorsqu'il est cadre - de l'autre, le textile, accompagné du portable et de l'attaché-case, l'homme donc, ne se pose pas autant de questions. Doté à un moindre degré de qualités affectives et compassionnelles que sa compagne, il évolue dans un environnement que la nature et la société, comme dit plus haut, lui ont injustement et favorablement concocté.

Certes, il est heureux de constater que dans les jeunes générations actuelles, le mâle, dans le moins pire des scénarios, commence à se sensibiliser à toutes ces questions, notamment dans le partage des tâches domestiques. Cela peut être du cinquante/cinquante chez certains foyers. Mais ne nous berçons pas d'illusions : ce n'est pas une généralisation et c'est bien souvent à la femme qu'incombe la majeure partie de ces tâches : enfants plus maison.

Parfois cette majeure partie monte à 100% du fait que l'homme s'en est allé convoler ailleurs pour une compagne plus jeune, plus fraîche, et que l'épouse demeure seule avec la garde des enfants qui lui a été confiée.

Sans nullement vouloir excuser l'homme, il faut quand même reconnaître que la nature a bizarrement fait son travail. Examinons le monde animal et particulièrement celui des mammifères. La plupart du temps c'est la femelle qui s'occupe des petits, tandis que le mâle va conter fleurette ailleurs. La femelle nidifie; le mâle s'expatrie. Le hasard syllabique veut qu'un homonyme ait été évoqué : sexe. L'attrait pour celui-ci est plus prononcé chez le mâle, étant entendu que la motivation vise surtout à perpétuer l'espèce. Chez l'homme c'est différent : il est en mesure de faire l'amour toute l'année... pour son plus grand plaisir et pas obligatoirement pour faire des enfants.

Nous y voilà : les pulsions sexuelles - à connotation égoïste, je l'admets - sont davantage prononcées chez l'homme, mais cela ne saurait excuser, encore une fois, les recherches forcenées du plaisir rencontrées chez bon nombre de ses congénères.

Le règne humain veut que ses représentants des deux sexes soient munis, à un autre niveau que chez les animaux, d'une part d'un cerveau évolué sous-entendant des possibilités affectives et d'autre part d'un langage sophistiqué permettant de multiples échanges.

L'on déduit immédiatement qu'à tout problème posé peut être trouvée une solution par suite du dialogue. Et ce dans les secteurs les plus variés : faire ensemble des choix, partager des activités, s'adonner à ses hobbies en ménageant le conjoint, prendre des décisions importantes... Mais pour ce qui concerne la sexualité, la difficulté vient du fait que l'homme et la femme ne sont pas tellement amenés à la confidence dans les domaines émotionnels, affectifs, de tendresse et de câlins. Question de pudeur? D’une pudeur déplacée? Quand on se confie c'est souvent pour des questions techniques qui ramènent la sexualité au bas étage d'une simple gymnastique hédoniste.

Certes les moeurs ont changé et la femme actuelle revendique aussi son orgasme, mais pas que cela. Il lui faut en outre énormément d'amour, de fidélité, de projection sécurisante dans un futur stable et cocooné. La fameuse question "Chéri, tu m'aimes?" demeurée sans réponse ou dans le meilleur des cas contrée par un "Ouais" évasif, est certes un cliché, mais un cliché toujours d'actualité.

Disons-le sans ambages : la femme est donc plus quémandeuse d'affection. Elle se met automatiquement en situation d'infériorité par rapport à l'homme qui, lui, ne demande pas autant qu'elle dans ce domaine. Le mâle se montre en revanche plus exigeant pour ce qui concerne son plaisir et la femme cherchera, pour le conserver, à le satisfaire, à se soumettre.

Là aussi par conséquent, inégalité confirmée entre les deux sexes. C'est d'autant plus dommage que dans le rayon de la sexualité, contrairement aux problématiques professionnelles et sociétales dont certaines données nous échappent, on devrait pouvoir trouver réponse à tout questionnement et établir une égalité de traitement par la simple voie du dialogue et de l'échange au sein d'un environnement de confiance et de tendresse.

Je demeure stupéfait quand je constate que les moyens de contraception - notamment la pilule - ont permis de débrider anarchiquement la pratique de la sexualité, mais n'ont absolument pas libéré la femme et ont de plus complètement déresponsabilisé l'homme. D'ailleurs on est en droit de se demander pour quelles raisons les recherches sur la contraception ne se sont pas davantage orientées vers l'homme. Ceci est très révélateur de notre société extrêmement phallocrate.

Pour conclure sur ce triste état de fait, je rapporterai un événement vécu il y a environ une vingtaine d'années. Au cours d'une conférence à laquelle j'assistais, une question fut posée par un intervenant à une jeune femme parmi l'assistance : "Selon vous qui détient l'autorité parentale?". A ma grande surprise, la jeune dame répondit : "L'homme", alors qu'il était inscrit depuis longtemps dans le code civil que celle-ci est une affaire de convivialité entre les deux époux. J'ai pensé que la mère de cette personne, en Mai 68, n'aurait certainement  pas apporté la même réponse et j'ai commencé à m'interroger, tout comme je continue de le faire aujourd'hui, sur les notions d'évolution et de progrès.

(Copyright Jean-Michel Cagnon - Janvier 2015)

 

 

La Dictature de Noël...

 

... c'est ainsi que j'appellerais cet état de fait sociétal qui sévit depuis des décennies et nous pousse à subir la fièvre acheteuse.

Sous des prétextes de retrouvailles familiales, savamment entretenus par les médias, nous sommes incités à concocter des cadeaux pour tous les êtres qui nous sont chers, et ceci en quantité dépassant la mesure. Dépense d'énergie, d'imagination, de temps, de frénésie pour arriver à trouver un présent pour chacun. Cela va-t-il vraiment lui plaire? Est-ce que je n'ai pas ciblé à côté en lui choisissant cet objet? Aïe, aïe, aïe, jamais je n'arriverai à satisfaire tout le monde! Et puis le réveillon, il faut y penser aussi.

Là nous tombons sous le joug de la seconde dictature: la bouffe. J'utilise sciemment ce terme populaire car Noël est aussi synonyme de garniture à souhait des estomacs. Pas souvent bien à propos, puisque les mêmes médias nous apprennent à nous préparer au réveillon en mangeant frugalement au préalable afin de ne pas tomber malades le jour J. Comme s'il s'agissait d'une compétition sportive!

Triste Noël, tristes Noëls... Oh certes, les intentions sont louables; on veut faire plaisir - se faire plaisir aussi - rendre les autres heureux, surtout les enfants. Les enfants parlons-en. Les rend-on vraiment heureux en les inondant de jouets, plus sophistiqués les uns que les autres et dont ils risquent de se lasser à court terme? Parce que le jouet  (souvent dispendieux),  à cause de ses raffinements technologiques poussés à l'extrême, ne permet pas aux facultés imaginatives de se développer... Avec quelques petites autos miniatures qui me permettaient d'évoluer dans un univers féerique, je crois avoir été plus serein que les enfants d'aujourd'hui encombrés de gadgets sclérosants.

Et puis Noël ça n'est pas que cela. Il y a dans cette fête unique une spiritualité d'autant plus intense qu'elle émane d'un fait divers au demeurant modeste: la naissance d'un enfant dans des conditions matérielles précaires. A l'opposé de notre opulence contemporaine. J'oserais dire que je préfère Noël à toute autre fête. Pâques, l'Ascension me laissent froid car c'est le Christ triomphant. Ici c'est un enfant, attendrissant dans sa fragilité, et dont le message, une fois devenu adulte, n'a pas fini de bouleverser le monde. Message pas souvent bien saisi, trahi même au fil des âges. Ce que reprochent à juste titre les incroyants aux croyants. En fait le Christ se révèle comme l'ambassadeur d'un Dieu dont nous avons souvent des difficultés à comprendre les attitudes et le mutisme. Le Christ n'explique pas. Il aide à vivre, à supporter l'insupportable. On a envie légitimement de hurler à la révolte et puis, au soir du 24 décembre, il y a ce nouveau-né pas tout-à-fait comme les autres auprès duquel on souhaite faire une pause.

C'est cela pour moi Noël, avant tout le reste. Je ne suis pas croyant convaincu, je ne suis pas pratiquant, je ne veux persuader personne, je doute parfois terriblement et je hurle aussi mais il me serait difficile, tout en fêtant bien Noël en famille, de prioriser le boudin blanc et la dinde truffée. Oui, Noël c'est autre chose.

©Jean-Michel Cagnon (Novembre 2016)

Date de dernière mise à jour : 26/11/2016

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